Deuxième journée de la Semaine Climat & Énergie 2025 : Pertes et dommages, Nexus énergie-agriculture et économie circulaire pour renforcer la résilience territoriale

La deuxième journée de la Semaine Climat & Énergie 2025, organisée par ENDA Énergie en collaboration avec ses partenaires institutionnels et techniques, a permis d’approfondir trois axes stratégiques pour la résilience climatique : l’articulation entre pertes et dommages climatiques et protection sociale, le nexus énergie-agriculture comme levier de transformation locale, et la gestion circulaire des déchets à l’échelle territoriale. Les discussions ont fait émerger des constats clairs, mais aussi des perspectives et des solutions concrètes pour mieux anticiper les impacts du changement climatique et adapter les systèmes socio-économiques.

Le premier panel, consacré au nexus pertes et dommages (P&D) et protection sociale, a rappelé l’urgence de répondre aux effets irréversibles et progressifs du changement climatique. Les pertes observées au Sénégal sont multiples : disparition d’habitats et de zones culturelles du fait de l’érosion côtière, salinisation des terres agricoles comme à NDiébèneGandiole, ou encore effondrement de la biodiversité, avec une réduction drastique des zones de reproduction d’oiseaux dans le delta du fleuve Sénégal. Ces impacts, soudains ou à évolution lente, s’additionnent aux vulnérabilités socio-économiques existantes.

Face à ces défis, les systèmes de protection sociale adaptative apparaissent comme des leviers incontournables mais encore insuffisamment opérationnels. Leur faible couverture, la fragmentation institutionnelle, le manque de données fiables et l’absence de dispositifs de financement durable limitent leur efficacité. Les experts ont ainsi plaidé pour un meilleur ancrage des filets sociaux dans les mécanismes climatiques mondiaux, en mobilisant notamment le futur fonds international Pertes et Dommages.

Les recommandations ont insisté sur la nécessité de mettre en place des fonds d’urgence nationaux, de renforcer les systèmes d’alerte précoce inter-opérables, et d’assurer une concertation multi-acteurs pour relier protection sociale et gouvernance climatique. Le message central qui en ressort est donc que la protection sociale peut devenir un pilier de la résilience climatique, à condition d’être territorialisée, équitable et adossée à des financements adaptés.

Le deuxième point de discussion de la journée a porté sur le nexus énergie-agriculture, révélant les défis mais aussi les opportunités qu’offre une meilleure intégration des énergies renouvelables dans le secteur agricole. Les intervenants ont mis en évidence la persistance de fortes disparités dans l’accès à l’énergie entre zones rurales et urbaines, le coût élevé des équipements, la dépendance quasi-totale aux importations technologiques, ainsi que la difficulté pour les jeunes innovateurs à accéder à des financements adaptés.

Pourtant, des initiatives concrètes ouvrent la voie à une transformation durable. La solarisation des forages ruraux contribue à sécuriser l’accès à l’eau tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Des chambres froides solaires pilotes permettent déjà aux producteurs de la zone des Niayes de conserver leurs récoltes d’oignons et de pommes de terre, limitant ainsi les pertes post-récoltes. L’utilisation des déchets agricoles pour la production de compost et la régénération des sols s’impose comme une autre innovation à fort potentiel. Enfin, l’accompagnement technique et financier des jeunes et femmes porteurs de projets a permis de développer, localement, des technologies de pompage, de transformation ou de conservation, illustrant le potentiel d’un entrepreneuriat climatique inclusif.

Les débats ont insisté sur la nécessité de réformer les modèles économiques pour transformer les communautés de simples bénéficiaires en véritables entrepreneurs de la transition énergétique. Les participants ont également souligné l’importance des partenariats public-privé de type communautaire (PPPc), garants d’une gouvernance partagée et durable des projets. L’intégration de 40 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique national d’ici 2030 a été rappelée comme une cible stratégique, mais qui ne pourra être atteinte que si les collectivités territoriales sont accompagnées techniquement et institutionnellement dans la mise en œuvre de leurs plans de développement à composante énergétique.

La journée s’est poursuivie avec un dialogue interactif sur l’économie circulaire territorialisée, mettant en évidence les défis structurels de la gestion des déchets. Les collectivités font face à un transfert de compétences sans ressources suffisantes, à une gouvernance institutionnelle marquée par des chevauchements entre la SONAGED, le PROMOGED voire avec les Communes. S’y ajoute une faible sensibilisation des populations sur le potentiel économique des déchets. L’absence d’infrastructures adaptées pour le tri et le recyclage, combinée à une communication inappropriée et à une méfiance persistante entre acteurs, limite par ailleurs l’efficacité des initiatives locales.

Pourtant, plusieurs pistes innovantes émergent : la transformation des déchets organiques en biofertilisants et intrants agricoles, la mise en place de zones écologiques communautaires comme espaces de sensibilisation et d’expérimentation, et le développement de micro-jardinages urbains à base de compost pour améliorer la qualité de l’air et renforcer la sécurité alimentaire. Des expériences pilotes, notamment portées par le PROMOGED, montrent qu’il est possible d’implanter des unités de bio-solutions locales, capables de créer des emplois verts et de réduire l’empreinte environnementale.

Les recommandations ont mis en avant l’urgence de déployer les Points de Regroupement Normalisés (PRN) pour structurer la collecte à la base, de clarifier les rôles institutionnels, et de renforcer les capacités des élus, agents municipaux et communautés dans la gestion intégrée des déchets. Le consensus des participants a été de considérer les déchets non plus comme une contrainte, mais comme une ressource économique et écologique, au cœur d’une économie circulaire inclusive et territorialisée.

En clôture, cette deuxième journée a souligné que la résilience climatique se construit à partir des territoires, en connectant financements internationaux, savoir-faire locaux et gouvernance inclusive. Qu’il s’agisse d’ancrer la protection sociale dans les mécanismes de pertes et dommages, d’intégrer les énergies renouvelables dans l’agriculture ou de bâtir une économie circulaire fondée sur la valorisation des déchets, le seul enjeu est de donner aux communautés locales les moyens financiers, institutionnels et techniques de piloter leur propre adaptation.

Author

Enda