Deux semaines après les sessions intermédiaires de Bonn et à 5 mois de la Conférence des
Parties de Baku, les conclusions de la soixantième session de l’organe subsidiaire de mise en
œuvre (SB60), nous laissent une fois de plus inquiets. La lenteur avec laquelle les discussions
progressent ne correspond pas à l’urgence de la crise climatique à laquelle nous sommes
confrontés. Alors qu’il est clair que l’action climatique doit s’accélérer au cours de cette
décennie cruciale, les discussions à Bonn sur les moyens d’y parvenir sont restées au point
mort.
Ce qui indique malheureusement un manque criard de volonté politique pour passer à
l’échelle et prendre les mesures nécessaires qui s’imposent face à l’urgence climatique qui
impacte aussi bien les conditions de vie des communautés que les économies des pays les plus
vulnérables en particulier ceux du continent africain. Cette situation est particulièrement
préoccupante pour l’Afrique, qui, malgré sa faible contribution aux émissions mondiales fait
face à des difficultés structurelles et systémiques qui font qu’il est difficile pour le continent
de réaliser des progrès significatifs en matière de développement.
Il est malheureusement évident que ce dernier sommet nous éloigne de plus en plus de
l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à moins de 1,5 °C. La raison principale est
que les pays riches reviennent sur leurs engagements financiers. Il faut donc que les
dirigeants africains coordonnent leurs efforts pour remettre le monde sur la voie de la
justice climatique et d’une transition énergétique juste. Pour la Directrice de Natural Justice
Hub de Dakar Sokhna Dié KA DIA “Mettre l’équité au cœur de la transition énergétique
revient à s’assurer que toutes les couches sociales, tous les secteurs de l’économie et tous
les territoires soient pris en compte tout au long du processus”.
L’année prochaine, les pays doivent présenter leur prochaine série de plans climatiques
nationaux quinquennaux, appelés contributions déterminées au niveau national (CDN), qui
constituent le fondement de l’effort collectif mondial de lutte contre le changement
climatique. Ces plans sont aujourd’hui menacés. En effet, les pays en développement n’ont
aucune garantie que le financement climatique qui leur a été promis et qui finance les CDN
sera au rendez-vous.
Pour Emmanuel Seck Directeur de ENDA ENERGIE « Nous avons beaucoup de travail à
accomplir avant Bakou si nous voulons que la COP29 apporte ce dont nos peuples ont
besoin. Il faut que les parties passent à la vitesse supérieure et assument leurs
responsabilités en matière d’action et de soutien. La crise climatique est un problème
mondial qui exige une réponse coopérative. La solidarité est vitale ; nous ne pouvons pas y
faire face seule. C’est tout l’enjeu de cette semaine climat pour mobiliser aussi bien les
acteurs locaux que les acteurs régionaux pour co-construire des solutions durables adaptées
aux attentes des communautés, mais aussi élaborer une stratégie d’influence politique en
vue de la COP 29 »
Au cours de cette décennie d’une urgence indescriptible, les pays développés doivent fournir
un ordre de grandeur de financement supplémentaire. Nous savons tous que sans
financement climatique, il n’y a pas d’action climatique. La COP29 doit fixer un nouvel objectif
pour le financement de la lutte contre le changement climatique. Cela fait des années que les
parties en discutent sans se rapprocher d’un accord. Il est donc important que les parties
aplanissent leurs divergences sur le nouvel objectif financier – le nouvel objectif collectif
quantifié, par exemple – y compris en clarifiant le financement qui est nouveau et
supplémentaire afin de mettre en œuvre de manière constructive l’inventaire mondial et de
renforcer les contributions déterminées au niveau national (CDN). Khar Ndiaye, la Directrice
d’Oxfam au Sénégal rappelle ainsi que « la vigilance doit toujours être de mise : le
financement climatique fourni et mobilisé dans le cadre du nouvel objectif financier ne doit
pas augmenter la vulnérabilité climatique ou détériorer les perspectives d’adaptation des
communautés partout où qu’elles se trouvent dans le monde. Il faudra s’assurer qu’il ne
contribue pas à accroître les inégalités, à augmenter les émissions, l’utilisation de
combustibles fossiles ou à promouvoir de fausses solutions ».
La semaine Climat et Energie prévue du 01 au 06 juillet 2024 au Sénégal (Saly), se veut un
cadre pour promouvoir les solutions locales et à valoriser les bonnes pratiques de lutte contre
les effets néfastes du changement climatique, dans des contextes de transitions systémiques,
en vue de la consolidation des efforts vers des sociétés plus sobres et résilientes au
changement climatique.